Yankov

Depuis que son père est mort sous ses yeux - achevé par des soldats sans scrupules -, Yankov est seul au monde. La guerre a décimé toute sa famille.

Des mois plus tard, le jeune garçon quitte le camp de Buchenwald pour rejoindre d'autres survivants de la Shoah dans un château en France. La boucherie est finie... Entouré d'enfants devenus par la force des choses des bêtes sans foi ni loi, Yankov réapprend le b.a.-ba de la vie : manger à sa faim, parler sans utiliser les poings, mais surtout se réapproprier une identité, passer d'un numéro à un nom. Ces apprentissages se révèlent longs et douloureux, mais aussi porteurs d'espoir grâce à la bienveillance et au dévouement de la nouvelle directrice de l'institution.

«Parfois moi, j'ai pitié de moi...
Parce qu'il n'y a rien à faire contre la guerre qu'ils m'ont faite. Même s'ils l'ont perdue, elle m'a quand même gagné. Je sais bien que j'aurai toujours faim, avec plein à manger. Je serai toujours abandonné, avec plein de gens à aimer. Mes nuits seront un cauchemar toujours recommencé. J'aurai toujours peur de me faire arrêter. Déporter. Gazer. Brûler.
Ma guerre ne s'arrêtera jamais.
Mais je veux quand même essayer de profiter un peu de ma petite paix... »

A travers ce récit dramatique et bouleversant, Rachel Hausfater rend hommage aux enfants rescapés des camps, squelettiques, affamés et seuls au monde qui sont arrivés malgré toutes les horreurs endurées à devenir des hommes et des femmes. La puissance évocatrice des mots est remarquable d'efficacité puisque les larmes coulent aussi souvent que les chapitres s'enchaînent. Remarquable.